Un ballon de surveillance chinois dans le ciel américain tend encore un peu plus les relations entre Pékin et Washington

Un ballon survole à haute altitude la ville de Billings (Montana), dans le nord des Etats-Unis, le 1er février 2023.

La visite du secrétaire d’Etat Antony Blinken en Chine, prévue dimanche 5 et lundi 6 février, devait être un événement en soi. Première du genre depuis six ans pour un chef de la diplomatie américaine, elle comprenait, semble-t-il, une rencontre avec le président Xi Jinping, une sorte de faveur protocolaire et politique. Mais un objet volant – un ballon espion – a percuté ce programme, conduisant Washington, vendredi 3 février, à « reporter » le déplacement. Antony Blinken s’est entretenu dans la journée avec son homologue chinois, Wang Yi, afin de justifier cette décision. La visite n’aurait pas été « appropriée » en raison de « l’acte irresponsable » chinois, selon un communiqué du département d’Etat. Wang Yi, de son côté, a indiqué que Pékin n’acceptait pas « des spéculations sans fondement ».

Jeudi, le Pentagone a révélé la présence du ballon espion au-dessus de l’Etat du Montana. « On sait que c’est un ballon de surveillance », évoluant à environ 18 000 mètres d’altitude, a expliqué le porte-parole du Pentagone, le brigadier général Pat Ryder. Il a fallu attendre vendredi soir pour que la Chine reconnaisse qu’il lui appartenait et exprime ses regrets, tout en expliquant que l’objet volant « civil » était en réalité utilisé pour de la « recherche, surtout météorologique ». A en croire Pékin, il aurait dévié en raison de vents violents et serait entré par inadvertance dans l’espace aérien américain. Pourtant, il semble à présent faire route vers l’Est et devrait demeurer au-dessus des Etats-Unis « quelques jours », selon le Pentagone. Une sorte de panier avec des capacités de surveillance se trouverait sous le ballon lui-même.

Dans cet Etat du Montana se trouve une base des forces aériennes et des champs de tir dédiés aux missiles à tête nucléaire. Le ballon volait à une attitude « significativement plus élevée » que le trafic commercial classique et ne présentait pas de risque pour les habitants au sol, note un haut responsable du Pentagone. A plusieurs reprises ces dernières années, une telle activité avait déjà été repérée, y compris avant l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche. Saisi de l’affaire le 1er février, le président s’est retrouvé devant un choix, à la fois sécuritaire et politique : fallait-il abattre le ballon ?

Une « valeur ajoutée limitée » en termes de renseignement

Le secrétaire à la défense, Lloyd Austin, était au même moment en déplacement aux Philippines pour officialiser l’extension de la présence militaire américaine dans ce pays, et dans l’Indo-Pacifique en général, face aux aspirations chinoises. Il a organisé une réunion de crise pour évaluer les différentes options. Le chef d’état-major des forces armées, le général Mark Milley, a recommandé de ne pas frapper la cible, car un risque trop significatif aurait existé pour la population au sol, même très peu dense dans cette région, en raison des débris. Cette estimation donne une indication sur la taille imposante de l’objet volant, que le Pentagone n’a pas voulu préciser.

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