Les Vaginites, un tour de chant trash avec Corinne Masiero

Les Vaginites (Corinne Masiero, Stéphanie Chamot et Audrey Chamot), sur scène, à Wasquehal, en 2021.

Elles arrivent sur scène en perruques criardes, fausses fourrures et chaussures pailletées. La démarche ­est titubante. Le rouge à lèvres déborde outrageusement. « All moches », chantent-elles. Mais ce n’est pas une chanson, plutôt un manifeste. Elles évoquent « les vieilles », « les imbaisables », « les hystériques », « les dépentesques »… Elles font répéter au public une liste de synonymes : (« choune, moule, foune, brousse, buisson… ») : « C’est l’hymne à la vulve. »

Au Hangar, à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), ce samedi soir de janvier, ­l’actrice Corinne Masiero est au micro. Sa voix porte celle des invisibles et leurs colères, ainsi que celle des « incestuées » depuis qu’elle a elle-même révélé publiquement l’inceste qu’elle a subi, dans un documentaire diffusé en ­septembre 2022 sur France 3 (Inceste, le dire et l’entendre, d’Andrea Rawlins-Gaston). Elle est accompagnée de deux chanteuses, les jumelles Audrey et Stéphanie Chamot. Le trio foutraque et punk s’appelle « Les Vaginites ».

Les trois femmes sont presque nues. Elles ont tombé leurs peaux de bête synthétiques. Elles portent chacune un tee-shirt à slogan (« Rage against ze machists », « Je te sucerai pas les yeux ouverts », « délivrez-nous des mâles ») et une culotte maculée de sang. La musique décolle, mais certaines phrases clouent sur place. « Dans quarante-huit heures, une femme va mourir. » Ou « Mon parrain, il me fait manger son zizi » – balancé avec une voix haut perchée de fillette. Ici, il est aussi question de « crime passionnel », de réforme des retraites, de Darmanin et de non-lieu. D’hématomes, de coups de ceinture, de casserole, de bouteille…

Un guet-apens

Une bière à la main, les spectateurs habitués des salles de rock ne s’attendent pas à ça. « Bois un coup, c’est ma tournante ! », lance Corinne Masiero, en détourneuse de rimes. Le concert s’apparente presque à un hold-up. Un guet-apens, pour parler de violences. Le dernier morceau s’appelle Ta gueule. Mais il s’agit de l’ouvrir. Supplique adressée à la mère, la sœur, la copine, la voisine, la ­collègue, la spectatrice, pour dézinguer le silence qui déglingue et rend complice. D’abord timides, puis résolus, des poings se lèvent alors dans le public. Les Vaginites auront d’autres dates, dans les semaines à venir : à Lille, Saint-Germain-Lembron (Puy-de-Dôme), Concarneau (Finistère), Chaumussay (Indre-et-Loire)…

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