Allemagne : l’AfD, le parti d’extrême droite né il y a dix ans, aspire désormais à gouverner

Alice Weidel, la coprésidente de l’AfD, le 23 novembre 2022 au Bundestag, à Berlin.

C’était le 6 février 2013. Ce jour-là, dans une salle paroissiale d’Oberursel, commune huppée des environs de Francfort, dix-huit hommes en colère contre la politique d’Angela Merkel face à la crise de la zone euro fondaient un nouveau parti politique, Alternative pour l’Allemagne (AfD). Leur principale revendication : la fin de la monnaie unique et le retour au deutschemark.

Lundi 6 février, c’est à 8 kilomètres de là, dans la salle des fêtes de la petite ville de Königstein, que l’AfD a célébré son dixième anniversaire. De ses dix-huit pères fondateurs, un seul était cependant présent, deux étant morts, deux ayant décliné l’invitation, les treize autres ayant entre-temps quitté un parti dans lequel ils ne se reconnaissaient plus.

En dix ans, l’AfD a en effet beaucoup changé. D’abord idéologiquement, le combat originel contre l’euro ayant cédé la place à d’autres batailles : contre l’accueil des réfugiés lors de la crise migratoire de 2015-2016, contre les masques et les vaccins pendant la pandémie de Covid-19 et, depuis le 24 février 2022, contre les sanctions imposées à la Russie et contre toute aide à l’Ukraine.

Sociologiquement aussi, l’AfD s’est métamorphosé. Le « parti des professeurs », surnom qui lui était donné à ses débuts en raison du nombre important d’économistes, de juristes et d’essayistes siégeant dans ses instances dirigeantes, a élargi son vivier de recrutement. Puisant à l’origine dans les milieux conservateurs et bourgeois de l’ouest du pays, il enregistre aujourd’hui ses meilleurs scores en ex-Allemagne de l’Est, où il est devenu un pôle d’attraction pour des citoyens peu diplômés et fâchés avec les « vieux partis du système », pour reprendre une expression chère à ses dirigeants.

79 députés

Dix ans après sa fondation, l’AfD est solidement enraciné dans le paysage politique allemand. Au Bundestag, où il siège à l’extrême droite, il a 79 députés, deux fois plus que le parti d’extrême gauche Die Linke. A l’échelle des Länder, il est représenté dans tous les Parlements régionaux, sauf celui du Schleswig-Holstein, dans le nord du pays.

S’il s’est fait une place comme force d’opposition, l’AfD n’est pas devenu pour autant un parti de gouvernement. C’est désormais son ambition. « Nous ne voulons pas seulement nous faire entendre, nous voulons faire passer nos idées et nous voulons gouverner », a déclaré Alice Weidel, la coprésidente du parti, lundi, à Königstein. « Dans un proche avenir, nous gouvernerons, d’abord dans un des Länder de l’Est, ensuite dans l’ouest du pays, et pour finir au niveau national », a enchéri Tino Chrupalla, son alter ego.

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